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L'art du monocycle

8 Février 2021 , Rédigé par Jean-Christophe Poisson

L’écologie de pouvoir est aux nouveaux élus ce que le home-staging est aux stars du marché immobilier. Un simple marketing, qui s’attache à convaincre le gogo qu’en maquillant un espace et son histoire, le bricolage et le badigeon créeront les conditions d’un monde nouveau.

A Bordeaux, en projetant Pierre Hurmic aux responsabilités, l’abstention inédite liée à la pandémie de covid19 a lâché dans la nature un personnage politique à l’ego démesuré,  minéralisé par 25 ans d’un ressentiment conçu au sein de l’opposition municipale. C’est ainsi qu’au soir du 28 juin 2020,  un pittoresque choriste de la fanfare écologiste s’est senti soudain pousser les ailes d’un ténor, bien décidé à faire jouer sa partition.

A chaque représentation le fiasco est retentissant. Qui s’en étonne encore ? Le programme de campagne n’avait trompé personne de sérieux, tant il était cousu au fil blanc, entre fatwas, copier/coller de la propagande partisane, bisounourseries pour bobos, flous béants flottant autour des sujets de la culture, de l’entreprise, de la sécurité....

Cette symphonie de bazar comporte trois mouvements. Table rase des œuvres et symboles hérités du « vieux monde »,  décroissance massive : les deux premiers opus ont déjà abondamment défrayé l’actualité. Le troisième mérite un détour. J’ai nommé la pantalonnade de l’écologie cosmétique et sa végétalisation de bric et broc. Elle est toute entière éclairée aujourd’hui par le grand écart tendu entre le projet des micro-forêts et le maintien de l’accostage des paquebots en centre-ville.

D’un côté sept micro-forêts. Cinq arbustes au mètre carré. Un taillis inextricable greffé sur un timbre-poste soustrait au bitume. Au Japon elle est réputée purifier l’air et faire baisser de un degré la température de la rue dans un rayon de 100 mètres. On semble oublier qu’à Bordeaux les centaines de jardins individuels de l’habitat de type girondin se chargent depuis des siècles de cette climatisation naturelle… Passons. Car ce buisson révolutionnaire a pour ambition sociale et culturelle de devenir un objectif pour les habitants en quête de promenade. Pour peu qu’on songe à la fonction éternelle des friches végétales en milieu urbain, entre home pour sans abri, lieu d’aisance et cachette libertine on ne peut retenir une certaine perplexité devant le choix de cette destination de loisir et sa pérennité. L’avenir le dira.

De l’autre côté des adducteurs voici l’abandon d’une promesse phare faite lors de la campagne électorale : Les bateaux de croisière polluants n’accosteront plus au port de la Lune. Mais voici que finalement, sous la pression des évidences économiques et contractuelles, d’un  nouveau rétropédalage circassien (*)  le maire annonce qu’il maintient l’accueil à quai d’une cinquantaine de  navires en 2021. Rappelons que selon les spécialistes de l’écologie, l’impact environnemental du fuel lourd émis par cette flotte à quai (particules, gaz létaux) correspond à celui de 800 000 nouvelles voitures diesel tournant en centre ville jusqu’à décembre. Mais qu’importe la cohérence puisque l’état d’urgence climatique est proclamé intra-muros depuis juillet ? En politique politicienne le buzz prime toujours l’éthique. Et puis les armateurs n’ont qu’à bien se tenir ! A titre de compensation le maire s’est engagé à leur faire les gros yeux…

 

(*) démission réclamée du président des Girondins, vente du stade Matmut, veto sur le grand projet d’avenue commerçante, … toutes fanfaronnades de tréteaux qui font florès les unes après les autres. Jour après jour le discours municipal se rétrécit autour de son fonds idéologique. Apologie de la décroissance, qui avance fardée à la palette des mantras partisans, sobriété, frugalité, résilience, ville apaisée. Répression et revanche. Le récent commentaire de l’audit financier commandé en début de mandat est éloquent, qui taxe de « somptuaires » et dénonce les investissements de croissance, de rayonnement et de gestion (cité du vin, cité municipale) réalisés par l’équipe précédente au profit d’une ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. S’engager en justice aux côtés d’un canard blessé, interdire la pêche au vif dans le lac…  On comprend que l’héritage soit bien lourd à porter pour une municipalité occupée à des combats d’une autre envergure..  

 

#pierrehurmic #eelv #bordeauxrespire

 

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